Je suis peut-être un enculé mais j'ai une droite redoutable.
Toute la bande zonait
dans le garage de mes parents.
Y'avait Totos, Fred,
Bondichou, Nugues, Nono et quelques autres. Le garage était grand,
avec un plafond qui se perdait dans l'obscurité et quatre piliers de
béton. L'architecte s'était gouré, dix ans plus tôt, dans les
plans de la maison.
Elle était trop haute.
Dans le garage, c'était
le foutoir le plus complet. Des centaines de cartons pleins de
saloperies héritées d'ancêtres, ou ramassées je ne sais où,
s'accumulaient partout. C'était plein de vieux meubles bouffés par
des bestioles, de vieilles chaises sans pattes, de fauteuils
défoncés, de seaux rouillés et/ou escaguasés, de cartables
pourris ayant appartenu à ma soeur ou à moi, de vélos sans roues,
de statues en plâtre, en plastique, en nougat. Il y avait même une
voiture, une honda Z 600 orange, qui reposait sur des parpaings, à
moitié dissimulée par des tas de merdes dont j'ai aujourd'hui
oublié la nature. En repoussant les cartons, on arrivait à déplier
la table de ping-pong. On jouait en buvant de la bière et en fumant
des joints et des cigarettes.
Totos roulait un joint
sur un tas de bocaux. Il ricanait, il portait des docks avec des
coques et une chevelure frisée et mal peignée. Je me postais près
de lui afin d'avoir une bonne dose de H.
La balle rebondissait sur
la table. Ping! Pong! Parfois, elle se planquait dans le maelström
et c'était tout un bordel pour la récupérer. Poil nous rendait
visite, il n'avait plus qu'un oeil et une couille mais c'était un
bon chat. Un bagarreur du tonnerre. Il fumait aussi. Il n'y avait pas
trop de filles dans la bande. Je devais avoir 18 ans, j'étais en
première et j'étais puceau. Cela me posait un problème. J'avais
peur de crever dans cet état.
On a entendu la meule de
Bouka qui remontait la rue. Son pot faisait un boucan d'enfer et il
passait son temps à faire des tours dans le quartier. La mère
Serraz essayait tout le temps de le coincer car le bruit la rendait
folle. Avec du recul, je la comprends, plus de vingt ans sont passés
et, à mon tour, je déteste le bruit distillé par les nouvelles
générations (et aussi les anciennes).
J'aimais pas trop Bouka.
Je trouvais que c'était un crétin, il me piquait Totos mais je ne
pouvais lui interdire l'accès au garage. J'étais pas totalement une
ordure et il m'avait dessiné une chouette pipe à eau sur un des
murs de ma chambre ( c'était notre repaire de nuit juste en face de
la chambre de mes parents, ceci est une autre histoire). Bref, Bouka
a enfilé la descente qui menait au garage, il a rangé sa meule près
de celle des copains. J'avais pas de meule, mon Père s'était planté
avec un de ses engins au moment de ma naissance. Il était saoul. Mes
copains avaient en moyenne deux ou trois ans de moins que moi. Ça
m'allait. J'avais déjà redoublé trois fois et je faisais moins que
mon âge, je veux dire physiquement et mentalement aussi. Pas
question de passer mon permis avec mes résultats scolaires. De toute
façon, cela ne me serait même pas venu à l'idée! J'ai dit que
j'étais mentalement en retard ?
Bouka portait Guillem sur
le porte-bagage. Putain! Cela me faisait chier. Guillem était un
super-crétin, il frayait avec les « nuques-longues »,
des jeunes de notre âge, avec des looks de hardos. Les
nuques-longues étaient encore plus primaires que nous, ils étaient
agressifs et violents. Ils sortaient de familles moins favorisées
que les nôtres, nous, on étaient des petits bourgeois. On
écoutaient du rock des années soixante. On détestaient le
hard-rock, les longs cheveux, les pantalons moulants, les chaînes et
les posters de Maiden.
« Putain! Y fais
chier Bouka! Pourquoi il emmène ce connard de Guillem? » je
demande à Totos.
« Oh! Il est gentil
Guillem... » répond Totos en passant le joint à Fred exprès
pour me faire chier.
Je râle intérieurement
en regardant ce crétin de Guillem qui nous serre la louche. Guillem
faisait environ ma taille, 1m 80, mais il pesait, facile, ses
quatre-vingt kilos. Moi pas. J'en faisais cinquante. Je bouffais
jamais rien. Je n'avais pas faim. Je voulais pas manger. Je voulais
baiser. Je voulais qu'une fille m'aime. Bref, Guillem n'était pas le
mauvais cheval, il portait ses cheveux blonds coiffés à la page,
avait un visage agréable et des yeux bleus. Il semblait un peu
balourd et n'était pas méchant pour deux ronds. Je me suis roulé
un joint, en ai bogarté la moitié puis fait la passe à Fred pour
emmerder Totos. Je me suis tapé une bière. C'était un mercredi
après-midi et les devoirs, rien à foutre, je les faisaient jamais,
depuis le CM2.
Ma mère demandait:
« Cyril? Tu as fait
tes devoirs? Tes notes sont lamentables! »
« Oui, oui, je
viens de les faire. »
Aucunes vérifications.
Et mon père s'en
branlait éperdument.
Au bout d'un moment mon
mauvais génie à commencer à me tarauder. Je connaissais bien cette
pulsion. Fallait que je fasse une saloperie à quelqu'un. C'était
plus fort que moi. Je savais pourtant que c'était pas bien et je
m'écoeurais tout seul. Que voulez-vous, personne n'est parfait!
La présence de Guillem
m'était intolérable. J'enviais sa carrure et c'était un
sympathisant des nuques-longues.
J'ai dit:
« Hé Guillem? Tu
veux devenir un Troll? »
« C'est quoi un
troll? » me répond Guillem avec un gentil sourire.
Je regarde mes potes qui
s'arrêtent de jouer et qui attendent la suite.
« Ben notre bande,
c'est les Trolls, ici, c'est notre quartier général, faut passer
une épreuve pour devenir Troll! »
« C'est quoi
l'épreuve? »
Je réfléchit un
instant. Guillem était pur, il ne buvait pas encore d'alcool.
Je dis, en désignant une
bouteille carrée de Grant qui avait échappé aux cuites du weekend
qu'on prenait au bois de Malba.
« Faut se farcir
cette bouteille de ouiseki! »
« Je bois pas
d'alcool! »
« Un Troll ça
boit! » et je continue à réfléchir. Je pouvais pas le virer
comme ça. J'étais un salaud mais il me faisait tout de même de la
peine.
« Bon, on se fait
une partie de ping-pong, le vaincu boit la boutanche! »
« Et après, je
serais un Troll? »
« Oui! »
« Même si je
gagne? »
« Parole de
scout! » je réponds en pensant que jamais je ne boirai le
contenu de cette bouteille encore à moitié pleine.
On joue et je gagne d'un
cheveu.
Guillem semblait désolé.
Il nous regardait tour à tour, avec son sourire timide, on restait
immobile à le regarder. Comme des corbeaux devant un aigle foudroyé.
Une vrai bande d'enculés et j'étais le meneur. La bête dominante
de la meute, pourtant je crois que c'était moi le plus faible, le
plus timide et le plus inadapté. Il devait avoir envie de se casser,
Guillem, mais, à cet âge là, on se fait facilement coincer.
Je lui ai tendu la
boutanche.
« Va! » j'y
ai dit.
Il a lampé une longue
gorgée et a recraché le tout sur la table de ping-pong. Il a fait
la grimace et s'est envoyé une autre rasade. Ses yeux sortaient de
sa tête et il avait des hauts le coeur.
Finalement, il a terminé
la bouteille. C'était un bon zig, je l'ai déjà dit. Il était
saoul comme une barrique, il titubait et rigolait comme un bossu.
Nous aussi, on rigolait.
« Chuis un Troll!
Chuis un Troll moi aussi! » il gueulait.
« Non! T'es qu'une
grosse merde saoule! » j'ai répondu.
Après quoi, il s'est mis
à dégueuler partout. Il tenait plus debout. Bouka et Totos l'ont
porté jusqu'à la meule de Bouka. C'était un engin qui ressemblait
à une moto, sauf pour les performances, il plafonnait à 45, avec
une vaste selle à deux places et un tableau de bord d'avion. Bouka y
avait installé un thermomètre, une boussole, un torche-cul
automatique. Ils ont ramené Guillem chez lui.
Les copains ont fini par
se casser. Ils rentraient, pour la plupart, faire leurs devoirs. Pas
moi. Je suis resté seul, avec ma connerie. J'étais content de ma
facétie mais, l'oeil qui me regardait en douce, me donnait le
sentiment que je n'étais qu'une merde.
Le samedi suivant, je
suis descendu chez Totos en enfilant Arthur Rimbaud, il vivait seul
avec sa vieille mère (Totos pas Arthur). Son père s'était tiré,
son frère et sa soeur, plus âgés, avaient aussi quitté le nid.
Devant chez Serraz ( un
autre camarade qui n'était pas Troll mais artiste maudit), j'ai vu
Totos qui discutait avec le gros Pastourel et un autre type que je ne
connaissais pas. J'avais oublié l'affaire Guillem mais ma sonnette
d'alarme se mit à tinter dans mon pauvre cortex.
« Attention. »
Pastou était gras et
fort, moins grand que moi et blond. Quelques années plus tôt, au
collège, c'était un crétin qui se faisait taper par presque tout
le monde. Depuis, il se vengeait et avait pris de l'assurance.
C'était un sympathisant des nuques-longues, je pouvais pas le sentir
et je râlais chaque fois qu'il se pointait au bois de Malba.
J'ai serré la louche à
Totos qui, me sembla-t-il, paraissait un peu bizarre. C'était mon
plus vieux et meilleur copain, on s'était connus en 79, lorsque
j'avais échoué dans cette banlieue dortoir pour cadre moyen. Il se
faisait traîner par son chien Dick dans les pentes d'un terrain
vague.
« Dis, tu me prêtes
ton chien? »
Le clébard m'avait
trainé, on était devenu amis.
Dix ans plus tard, Totos
pactisait avec l'ennemi. Le traître, alors que tout les matins, il
faisait semblant d'aller en cours et se planquait sous mon lit en
escaladant la façade.
Pastou et son pote
étaient assis sur un cube de béton qui habillait le compteur à gaz
d'une maison en construction abandonnée depuis des années. J'ai
serré sa patte. Elle était moite et grasse. Il me regardait en
plissant les yeux. Il me cherchait. L'enculé de sa mère. J'ai fait
comme si je voyais rien. J'ai discuté avec Totos. Une voix me
disait. « Casse-toi. »
Le gros Pastou me
quittait pas des yeux. Il suçait son briquet. Le faisait entrer et
sortir de sa bouche en émettant des bruits de succions. Doux jésus!
Qu'il avait l'air con! Son jeux buccal me fascinait. Je me demandais
comment il parvenait à être aussi grotesque. On fait pas des choses
pareilles!
En fait, c'était une
ruse. Une ruse de guerre pour déclencher les hostilités. Il pouvait
pas me mettre son poing sur la gueule comme ça.
Je continuais à regarder
ce gros con qui suçait son briquet. J'ai pas pu m'empêcher de
ricaner.
« Y'à un truc qui
te fait rire? » me demande Pastou en serrant son bic dans son
poing gauche.
« Attention, Cyril,
que je me suis dit. Ce gros tas de merde est en train de se renforcer
le poing pour te le mettre dans la gueule. »
J'ai fait un petit pas de
côté afin de m'éloigner d'un bourre-pif éventuel.
« Pourquoi tu te
marres? »
J'ai continué à
sourire, surtout lorsqu'il s'est remis à sucer son briquet ( qui
était rose en plus).
« Pourquoi tu
rigoles? Enculé! »
J'ai pas pût m'en
empêcher, même si Totos remuait ses sourcils afin de me prévenir
du danger ( c'était quand même mon meilleur copain, merde!).
« Ben, je ris parce
que tu as l'air de sucer une bite! En fait, tu ressembles à une
grosse tata quand tu suces ton briquet! »
C'était parti.
Le gros Pastou m'a traité
de tous les noms. Je vous passe les détails, il manquait de
vocabulaire. J'encaissais avec courage. La maison était à moins de
deux cent mètres. Il a fini par descendre de son siège. Moi, j'ai
dignement battu en retraite. Devant Totos. Mon meilleur ami.
Pastourel m'insultait tandis que je remontais la rue. Je me souviens,
je portais un vieux Levis déchiré, avec des trous partout, au cul,
aux genoux ect... c'était ma tenue de week-end, sinon, au lycée, je
portais les vieux costards de mon père ( ils dataient des années
soixante) et aussi un feutre. Comme Humprey. C'était mon look. Aux
antipodes de celui des punks, des skins, des bècebèges ( mon lycée
privé était plein de gros bourgeois bien sapés, sébago au pied et
tout. Moi, j'étais juste un petit bourgeois, mes parents n'avaient
pas les moyens de me payer leurs fringues. Lors, je tapais dans la
vieille garde robe paternelle qu'avait gardée ma maman. Elle gardait
tout. Et toujours, d'ailleurs.)
Bon, je remontais Arthur
Rimbaud la queue-basse.
« Pédé!
Trouillard! Gueulait Pastourel. Tu tortilles du cul comme un pédé!
T'es qu'un pédé et un lâche! Viens te battre! »
J'en avais envie mais
j'avais la trouille. Il était vraiment trop gros pour moi. Ses
insultes m'atteignaient comme des flèches. J'étais un lâche et une
tapette. Je suis rentré chez moi en un seul morceau mais mon
amour-propre en avait pris un coup.
Le soir, je suis allé au
bois, comme tous les weekends. On a bu des bières, fumé quelques
joints, je me sentais pas bien du tout. Je suis rentré assez tôt,
vers minuit, je me souviens que la lune était à son premier
quartier. Je marchais dans les rues désertes de Malba. Les rues de
Malba sont toujours désertes, de jour comme de nuit, pourtant, c'est
une banlieue fleurie et prospère, pleines d'arbres, de villas
cossues, de jardins publics. Mais pas un seul piéton. C'est toujours
comme ça. Cela ne me dérange pas, d'ailleurs, car je n'aime pas le
monde en général et les gens en particulier.
J'ai traversé le champ
de la nouvelle Mairie. Le Maire, pourri jusqu'à la moelle, s'était
fait construire une immense mairie, moderne et en brique rose. Le
champ donnait sur une vallée, à moins de deux mille mètres à vol
d'oiseau, les lumières de Toulouse lançaient leurs feus. J'aimais
bien. Le champ descendait et je voyais le toit de la maison, c'était
la dernière maison de la rue, la rue était une impasse. Comme ma
vie. Il faisait sombre. Le champ n'était pas éclairé, on disait le
champ parce qu'avant la construction de la mairie c'était un champ
d'agricult.
Juste avant la descente
j'ai entrevu trois formes sombres assises dans l'obscurité. J'ai vu,
aussi, deux mobylettes de nuques-longues sur leur béquille.
« Merde! Pastou
et sa bande! » J'ai pensé. Mon coeur s'est mis à battre dans
ma poitrine d'oiseau. BANG-BANG! J'ai continué ma route malgré
tout. Ils m'avaient pas encore vu. Je ne voulais pas me planquer.
J'avais eu trop honte dans l'après-midi. Pourtant, je pouvais faire
le tour et rentrer par le jardin des Serraz. Je connaissais ce
quartier comme ma poche. J'y traînais depuis l'âge de neuf ans.
Les formes se sont
levées. J'ai identifié Guillem, Garnier, le cousin de Pastourel et
un autre gars, que je connaissais un peu et que je trouvais plutôt
sympa. Je me suis arrêté à sept ou huit pas du trio qui
m'interdisait de rejoindre la maison.
Guillem portait un fléau
d'arme bricolé dans sa main. Avec ça, il me faisait gicler la
cervelle d'un seul moulinet. J'ai un peu paniqué. Je savais que
Guillem n'était pas exactement un intellectuel. Un fait divers est
vite arrivé.
« T'as besoin de ça
pour me casser la gueule? » j'ai dit ( je bluffais)
Guillem a joué avec son
truc puis m'a souri. C'était décidément un brave type.
Son pote Garnier non. Il
a dit.
« Tu as fait boire
Guillem! On se bat en combat singulier! »
Ce mec était plus petit
mais il me rendait bien vingt kilos. Enfin, c'était mieux qu'un
roulement à billes dans la tronche. Je m'étais déjà battus une
fois ou deux. J'avais pris plusieurs coups de boules par surprise, un
gars m'avait bouffé le bras gauche, un skin ( qui s'appellait
Goebel, je vous le jure) m'avait bombé la gueule à la lacrymo à la
sortie du Cours Pourcelot. J'avais donc un peu d'expérience. Mais
là, je fouettais. J'étais seul, ils étaient trois. Je savais pas
comment les choses pouvaient tourner. Bon. Garnier commence à
enlever son tee-shirt. Intimidation de gorille. Son torse était
blanc, un peu gras, il commençait de faire sa musculation. Comme un
débile d'ailleurs, en soulevant des charges lourdes pour avoir du
volume. Rien à voir avec celle de Lee ou celle d'un poids moyen bien
entrainés. Tout de même, son cirque m'en a porté un coup.
J'ai pas enlevé ma
chemise. Je me sentais faible et minable. Pas viril pour deux ronds.
Et en plus j'étais puceau, aucune femme ne m'aimait et j'allais sans
doute mourir ce soir, d'un coup de casse-tête.
On a commencé à se
tourner autour. Je savais que je méritais une bonne rouste mais ça
me faisait chier que se soit Garnier qui s'y colle. C'était vraiment
un connard fini. Enfin, il pesait moins lourd que Guillem...
Garnier tournait autour
de moi en position de boxeur. Il faisait tout un cirque. Je laissais
mes bras ballants, garde basse, poings verrouillés avec mes clés
serrées dans la main droite. J'ai des bras très long, un buste
court et des jambes maigres et longues aussi. Mes mains sont longues
mais assez larges et surtout, j'ai des métacarpes très osseux. Le
problème c'est que, chaque fois que je foutais mon poing sur la
gueule d'un tiers, je me pétais un doigt. Va savoir pourquoi?
J'assurais donc ma défense et je contrais les attaques tièdes de
Garnier qui n'était pas si vaillant que ça. Pour l'heure, je ne
m'en rendais pas compte. J'avais les foies. Il me tardait que ce soit
fini. A un moment, ce chien, s'est rué sur moi, j'ai esquivé un
direct en lui tournant le dos. L'enculé m'a botté les fesses.
C'était insultant, il se marrait comme un bossu.
Il répétait:
« Viens là! Viens
là! »
Ma stratégie était
d'attendre. Un peu comme un chat acculé dans un coin par un gros con
de clébard. Le chat n'est pas toujours le perdant dans ce genre de
scénario.
« Bas-toi! Pédé! »
Encore, cette famille
n'avait que ce mot à la bouche!
Garnier faisait le
pressing, je reculais sur l'herbe. A un moment, j'ai senti un truc
contre mon mollet. C'était un des tendeur en fil de fer qui assurait
le tronc des jeunes pins parasols planté un peu partout. Garnier, ce
fils de pute, comptait que je me plante sur ce truc. J'ai failli me
rétamer en arrière. Garnier s'est jeté sur moi, tête en avant, à
découvert, pour me foutre un grand pain. Je me suis rétabli.
J'ai évité sa pêche.
Ma droite est partit
toute seule.
Comme un éclair.
C'est pas moi qui
commandait.
J'avais sa tronche dans
le collimateur.
Comme le baron rouge,
ou Robin des Bois,
je savais que j'allais
faire mouche.
Ça c'est passé en une
fraction de seconde.
Un superbe bolo-punch à
la KID GAVILLAN.
Mes jointures se sont
écrasées sur son arcade gauche et j'ai vu sa face se décomposer.
Garnier est parti en arrière en gueulant de surprise et de douleur.
Quoi? C'était pas dans le scénario! Le squelette se laissait pas
enculer sans broncher! Garnier se tenait la tronche. Un sentiment de
puissance coulait dans mes veines comme de l'or en fusion. J'étais
libéré de toute peur. Guillem et Machin ne bronchaient pas. Garnier
se tenait la tronche. Il pissait le sang comme un porc.
« JE VAIS TE TUER!
JE VAIS TE TUER! » il a dit plusieurs fois.
Mais, c'était pas un
encaisseur. Il m'a tourné autour pendant quelques secondes. Son sang
coulait sur sa poitrine. J'attendais de lui en remettre une autre.
Tout d'un coup, il s'est
arrêté, il a dit d'un ton autoritaire vacillant.
« Bon, de toute façon,
j'avais pas envie de me battre! »
Et il est allé s'essuyer
la tronche avec son teeshbie.
Restait Machin et Guillem
avec son fléau d'arme. Ils semblaient pas trop motivés. On a
temporisé. Machin a ouvert une canette de bière. Garnier en a bu.
Il chialait presque. Guillem aussi ( il buvait maintenant ).
Je me suis avancé vers
Guillem et je lui ai présenté mes excuses pour le ouiseki et tout.
On s'est serré la main.
Garnier a redit.
« J'avais pas envie
de me battre! »
J'ai serré sa main en
restant à distance. Je connaissais ce genre de gus mais il semblait
dégonflé.
Je suis rentré chez moi.
Les étoiles et la lune me souriaient. J'étais un grand boxeur. J'ai
fumé un joint sur mon balcon en regardant les lumières de Toulouse
et en regardant mon poing tout juste écorché.
J'étais toujours aussi
puceau mais j'étais heureux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire