mardi 15 mai 2012



Je suis peut-être un enculé mais j'ai une droite redoutable.



Toute la bande zonait dans le garage de mes parents.
Y'avait Totos, Fred, Bondichou, Nugues, Nono et quelques autres. Le garage était grand, avec un plafond qui se perdait dans l'obscurité et quatre piliers de béton. L'architecte s'était gouré, dix ans plus tôt, dans les plans de la maison.
Elle était trop haute.
Dans le garage, c'était le foutoir le plus complet. Des centaines de cartons pleins de saloperies héritées d'ancêtres, ou ramassées je ne sais où, s'accumulaient partout. C'était plein de vieux meubles bouffés par des bestioles, de vieilles chaises sans pattes, de fauteuils défoncés, de seaux rouillés et/ou escaguasés, de cartables pourris ayant appartenu à ma soeur ou à moi, de vélos sans roues, de statues en plâtre, en plastique, en nougat. Il y avait même une voiture, une honda Z 600 orange, qui reposait sur des parpaings, à moitié dissimulée par des tas de merdes dont j'ai aujourd'hui oublié la nature. En repoussant les cartons, on arrivait à déplier la table de ping-pong. On jouait en buvant de la bière et en fumant des joints et des cigarettes.
Totos roulait un joint sur un tas de bocaux. Il ricanait, il portait des docks avec des coques et une chevelure frisée et mal peignée. Je me postais près de lui afin d'avoir une bonne dose de H.
La balle rebondissait sur la table. Ping! Pong! Parfois, elle se planquait dans le maelström et c'était tout un bordel pour la récupérer. Poil nous rendait visite, il n'avait plus qu'un oeil et une couille mais c'était un bon chat. Un bagarreur du tonnerre. Il fumait aussi. Il n'y avait pas trop de filles dans la bande. Je devais avoir 18 ans, j'étais en première et j'étais puceau. Cela me posait un problème. J'avais peur de crever dans cet état.
On a entendu la meule de Bouka qui remontait la rue. Son pot faisait un boucan d'enfer et il passait son temps à faire des tours dans le quartier. La mère Serraz essayait tout le temps de le coincer car le bruit la rendait folle. Avec du recul, je la comprends, plus de vingt ans sont passés et, à mon tour, je déteste le bruit distillé par les nouvelles générations (et aussi les anciennes).
J'aimais pas trop Bouka. Je trouvais que c'était un crétin, il me piquait Totos mais je ne pouvais lui interdire l'accès au garage. J'étais pas totalement une ordure et il m'avait dessiné une chouette pipe à eau sur un des murs de ma chambre ( c'était notre repaire de nuit juste en face de la chambre de mes parents, ceci est une autre histoire). Bref, Bouka a enfilé la descente qui menait au garage, il a rangé sa meule près de celle des copains. J'avais pas de meule, mon Père s'était planté avec un de ses engins au moment de ma naissance. Il était saoul. Mes copains avaient en moyenne deux ou trois ans de moins que moi. Ça m'allait. J'avais déjà redoublé trois fois et je faisais moins que mon âge, je veux dire physiquement et mentalement aussi. Pas question de passer mon permis avec mes résultats scolaires. De toute façon, cela ne me serait même pas venu à l'idée! J'ai dit que j'étais mentalement en retard ?
Bouka portait Guillem sur le porte-bagage. Putain! Cela me faisait chier. Guillem était un super-crétin, il frayait avec les « nuques-longues », des jeunes de notre âge, avec des looks de hardos. Les nuques-longues étaient encore plus primaires que nous, ils étaient agressifs et violents. Ils sortaient de familles moins favorisées que les nôtres, nous, on étaient des petits bourgeois. On écoutaient du rock des années soixante. On détestaient le hard-rock, les longs cheveux, les pantalons moulants, les chaînes et les posters de Maiden.
« Putain! Y fais chier Bouka! Pourquoi il emmène ce connard de Guillem? » je demande à Totos.
« Oh! Il est gentil Guillem... » répond Totos en passant le joint à Fred exprès pour me faire chier.
Je râle intérieurement en regardant ce crétin de Guillem qui nous serre la louche. Guillem faisait environ ma taille, 1m 80, mais il pesait, facile, ses quatre-vingt kilos. Moi pas. J'en faisais cinquante. Je bouffais jamais rien. Je n'avais pas faim. Je voulais pas manger. Je voulais baiser. Je voulais qu'une fille m'aime. Bref, Guillem n'était pas le mauvais cheval, il portait ses cheveux blonds coiffés à la page, avait un visage agréable et des yeux bleus. Il semblait un peu balourd et n'était pas méchant pour deux ronds. Je me suis roulé un joint, en ai bogarté la moitié puis fait la passe à Fred pour emmerder Totos. Je me suis tapé une bière. C'était un mercredi après-midi et les devoirs, rien à foutre, je les faisaient jamais, depuis le CM2.
Ma mère demandait:
« Cyril? Tu as fait tes devoirs? Tes notes sont lamentables! »
« Oui, oui, je viens de les faire. »
Aucunes vérifications.
Et mon père s'en branlait éperdument.
Au bout d'un moment mon mauvais génie à commencer à me tarauder. Je connaissais bien cette pulsion. Fallait que je fasse une saloperie à quelqu'un. C'était plus fort que moi. Je savais pourtant que c'était pas bien et je m'écoeurais tout seul. Que voulez-vous, personne n'est parfait!
La présence de Guillem m'était intolérable. J'enviais sa carrure et c'était un sympathisant des nuques-longues.
J'ai dit:
« Hé Guillem? Tu veux devenir un Troll? »
« C'est quoi un troll? » me répond Guillem avec un gentil sourire.
Je regarde mes potes qui s'arrêtent de jouer et qui attendent la suite.
« Ben notre bande, c'est les Trolls, ici, c'est notre quartier général, faut passer une épreuve pour devenir Troll! »
« C'est quoi l'épreuve? »
Je réfléchit un instant. Guillem était pur, il ne buvait pas encore d'alcool.
Je dis, en désignant une bouteille carrée de Grant qui avait échappé aux cuites du weekend qu'on prenait au bois de Malba.
« Faut se farcir cette bouteille de ouiseki! »
« Je bois pas d'alcool! »
« Un Troll ça boit! » et je continue à réfléchir. Je pouvais pas le virer comme ça. J'étais un salaud mais il me faisait tout de même de la peine.
« Bon, on se fait une partie de ping-pong, le vaincu boit la boutanche! »
« Et après, je serais un Troll? »
« Oui! »
« Même si je gagne? »
« Parole de scout! » je réponds en pensant que jamais je ne boirai le contenu de cette bouteille encore à moitié pleine.
On joue et je gagne d'un cheveu.
Guillem semblait désolé. Il nous regardait tour à tour, avec son sourire timide, on restait immobile à le regarder. Comme des corbeaux devant un aigle foudroyé. Une vrai bande d'enculés et j'étais le meneur. La bête dominante de la meute, pourtant je crois que c'était moi le plus faible, le plus timide et le plus inadapté. Il devait avoir envie de se casser, Guillem, mais, à cet âge là, on se fait facilement coincer.
Je lui ai tendu la boutanche.
« Va! » j'y ai dit.
Il a lampé une longue gorgée et a recraché le tout sur la table de ping-pong. Il a fait la grimace et s'est envoyé une autre rasade. Ses yeux sortaient de sa tête et il avait des hauts le coeur.
Finalement, il a terminé la bouteille. C'était un bon zig, je l'ai déjà dit. Il était saoul comme une barrique, il titubait et rigolait comme un bossu. Nous aussi, on rigolait.
« Chuis un Troll! Chuis un Troll moi aussi! » il gueulait.
«  Non! T'es qu'une grosse merde saoule! » j'ai répondu.
Après quoi, il s'est mis à dégueuler partout. Il tenait plus debout. Bouka et Totos l'ont porté jusqu'à la meule de Bouka. C'était un engin qui ressemblait à une moto, sauf pour les performances, il plafonnait à 45, avec une vaste selle à deux places et un tableau de bord d'avion. Bouka y avait installé un thermomètre, une boussole, un torche-cul automatique. Ils ont ramené Guillem chez lui.
Les copains ont fini par se casser. Ils rentraient, pour la plupart, faire leurs devoirs. Pas moi. Je suis resté seul, avec ma connerie. J'étais content de ma facétie mais, l'oeil qui me regardait en douce, me donnait le sentiment que je n'étais qu'une merde.

Le samedi suivant, je suis descendu chez Totos en enfilant Arthur Rimbaud, il vivait seul avec sa vieille mère (Totos pas Arthur). Son père s'était tiré, son frère et sa soeur, plus âgés, avaient aussi quitté le nid.
Devant chez Serraz ( un autre camarade qui n'était pas Troll mais artiste maudit), j'ai vu Totos qui discutait avec le gros Pastourel et un autre type que je ne connaissais pas. J'avais oublié l'affaire Guillem mais ma sonnette d'alarme se mit à tinter dans mon pauvre cortex.
« Attention. »
Pastou était gras et fort, moins grand que moi et blond. Quelques années plus tôt, au collège, c'était un crétin qui se faisait taper par presque tout le monde. Depuis, il se vengeait et avait pris de l'assurance. C'était un sympathisant des nuques-longues, je pouvais pas le sentir et je râlais chaque fois qu'il se pointait au bois de Malba.
J'ai serré la louche à Totos qui, me sembla-t-il, paraissait un peu bizarre. C'était mon plus vieux et meilleur copain, on s'était connus en 79, lorsque j'avais échoué dans cette banlieue dortoir pour cadre moyen. Il se faisait traîner par son chien Dick dans les pentes d'un terrain vague.
« Dis, tu me prêtes ton chien? »
Le clébard m'avait trainé, on était devenu amis.
Dix ans plus tard, Totos pactisait avec l'ennemi. Le traître, alors que tout les matins, il faisait semblant d'aller en cours et se planquait sous mon lit en escaladant la façade.
Pastou et son pote étaient assis sur un cube de béton qui habillait le compteur à gaz d'une maison en construction abandonnée depuis des années. J'ai serré sa patte. Elle était moite et grasse. Il me regardait en plissant les yeux. Il me cherchait. L'enculé de sa mère. J'ai fait comme si je voyais rien. J'ai discuté avec Totos. Une voix me disait. « Casse-toi. »
Le gros Pastou me quittait pas des yeux. Il suçait son briquet. Le faisait entrer et sortir de sa bouche en émettant des bruits de succions. Doux jésus! Qu'il avait l'air con! Son jeux buccal me fascinait. Je me demandais comment il parvenait à être aussi grotesque. On fait pas des choses pareilles!
En fait, c'était une ruse. Une ruse de guerre pour déclencher les hostilités. Il pouvait pas me mettre son poing sur la gueule comme ça.
Je continuais à regarder ce gros con qui suçait son briquet. J'ai pas pu m'empêcher de ricaner.
« Y'à un truc qui te fait rire? » me demande Pastou en serrant son bic dans son poing gauche.
« Attention, Cyril, que je me suis dit. Ce gros tas de merde est en train de se renforcer le poing pour te le mettre dans la gueule. »
J'ai fait un petit pas de côté afin de m'éloigner d'un bourre-pif éventuel.
« Pourquoi tu te marres? »
J'ai continué à sourire, surtout lorsqu'il s'est remis à sucer son briquet ( qui était rose en plus).
« Pourquoi tu rigoles? Enculé! »
J'ai pas pût m'en empêcher, même si Totos remuait ses sourcils afin de me prévenir du danger ( c'était quand même mon meilleur copain, merde!).
« Ben, je ris parce que tu as l'air de sucer une bite! En fait, tu ressembles à une grosse tata quand tu suces ton briquet! »
C'était parti.
Le gros Pastou m'a traité de tous les noms. Je vous passe les détails, il manquait de vocabulaire. J'encaissais avec courage. La maison était à moins de deux cent mètres. Il a fini par descendre de son siège. Moi, j'ai dignement battu en retraite. Devant Totos. Mon meilleur ami. Pastourel m'insultait tandis que je remontais la rue. Je me souviens, je portais un vieux Levis déchiré, avec des trous partout, au cul, aux genoux ect... c'était ma tenue de week-end, sinon, au lycée, je portais les vieux costards de mon père ( ils dataient des années soixante) et aussi un feutre. Comme Humprey. C'était mon look. Aux antipodes de celui des punks, des skins, des bècebèges ( mon lycée privé était plein de gros bourgeois bien sapés, sébago au pied et tout. Moi, j'étais juste un petit bourgeois, mes parents n'avaient pas les moyens de me payer leurs fringues. Lors, je tapais dans la vieille garde robe paternelle qu'avait gardée ma maman. Elle gardait tout. Et toujours, d'ailleurs.)
Bon, je remontais Arthur Rimbaud la queue-basse.
« Pédé! Trouillard! Gueulait Pastourel. Tu tortilles du cul comme un pédé! T'es qu'un pédé et un lâche! Viens te battre! »
J'en avais envie mais j'avais la trouille. Il était vraiment trop gros pour moi. Ses insultes m'atteignaient comme des flèches. J'étais un lâche et une tapette. Je suis rentré chez moi en un seul morceau mais mon amour-propre en avait pris un coup.

Le soir, je suis allé au bois, comme tous les weekends. On a bu des bières, fumé quelques joints, je me sentais pas bien du tout. Je suis rentré assez tôt, vers minuit, je me souviens que la lune était à son premier quartier. Je marchais dans les rues désertes de Malba. Les rues de Malba sont toujours désertes, de jour comme de nuit, pourtant, c'est une banlieue fleurie et prospère, pleines d'arbres, de villas cossues, de jardins publics. Mais pas un seul piéton. C'est toujours comme ça. Cela ne me dérange pas, d'ailleurs, car je n'aime pas le monde en général et les gens en particulier.
J'ai traversé le champ de la nouvelle Mairie. Le Maire, pourri jusqu'à la moelle, s'était fait construire une immense mairie, moderne et en brique rose. Le champ donnait sur une vallée, à moins de deux mille mètres à vol d'oiseau, les lumières de Toulouse lançaient leurs feus. J'aimais bien. Le champ descendait et je voyais le toit de la maison, c'était la dernière maison de la rue, la rue était une impasse. Comme ma vie. Il faisait sombre. Le champ n'était pas éclairé, on disait le champ parce qu'avant la construction de la mairie c'était un champ d'agricult.
Juste avant la descente j'ai entrevu trois formes sombres assises dans l'obscurité. J'ai vu, aussi, deux mobylettes de nuques-longues sur leur béquille.
« Merde! Pastou et sa bande! » J'ai pensé. Mon coeur s'est mis à battre dans ma poitrine d'oiseau. BANG-BANG! J'ai continué ma route malgré tout. Ils m'avaient pas encore vu. Je ne voulais pas me planquer. J'avais eu trop honte dans l'après-midi. Pourtant, je pouvais faire le tour et rentrer par le jardin des Serraz. Je connaissais ce quartier comme ma poche. J'y traînais depuis l'âge de neuf ans.
Les formes se sont levées. J'ai identifié Guillem, Garnier, le cousin de Pastourel et un autre gars, que je connaissais un peu et que je trouvais plutôt sympa. Je me suis arrêté à sept ou huit pas du trio qui m'interdisait de rejoindre la maison.
Guillem portait un fléau d'arme bricolé dans sa main. Avec ça, il me faisait gicler la cervelle d'un seul moulinet. J'ai un peu paniqué. Je savais que Guillem n'était pas exactement un intellectuel. Un fait divers est vite arrivé.
« T'as besoin de ça pour me casser la gueule? » j'ai dit ( je bluffais)
Guillem a joué avec son truc puis m'a souri. C'était décidément un brave type.
Son pote Garnier non. Il a dit.
« Tu as fait boire Guillem! On se bat en combat singulier! »
Ce mec était plus petit mais il me rendait bien vingt kilos. Enfin, c'était mieux qu'un roulement à billes dans la tronche. Je m'étais déjà battus une fois ou deux. J'avais pris plusieurs coups de boules par surprise, un gars m'avait bouffé le bras gauche, un skin ( qui s'appellait Goebel, je vous le jure) m'avait bombé la gueule à la lacrymo à la sortie du Cours Pourcelot. J'avais donc un peu d'expérience. Mais là, je fouettais. J'étais seul, ils étaient trois. Je savais pas comment les choses pouvaient tourner. Bon. Garnier commence à enlever son tee-shirt. Intimidation de gorille. Son torse était blanc, un peu gras, il commençait de faire sa musculation. Comme un débile d'ailleurs, en soulevant des charges lourdes pour avoir du volume. Rien à voir avec celle de Lee ou celle d'un poids moyen bien entrainés. Tout de même, son cirque m'en a porté un coup.
J'ai pas enlevé ma chemise. Je me sentais faible et minable. Pas viril pour deux ronds. Et en plus j'étais puceau, aucune femme ne m'aimait et j'allais sans doute mourir ce soir, d'un coup de casse-tête.
On a commencé à se tourner autour. Je savais que je méritais une bonne rouste mais ça me faisait chier que se soit Garnier qui s'y colle. C'était vraiment un connard fini. Enfin, il pesait moins lourd que Guillem...
Garnier tournait autour de moi en position de boxeur. Il faisait tout un cirque. Je laissais mes bras ballants, garde basse, poings verrouillés avec mes clés serrées dans la main droite. J'ai des bras très long, un buste court et des jambes maigres et longues aussi. Mes mains sont longues mais assez larges et surtout, j'ai des métacarpes très osseux. Le problème c'est que, chaque fois que je foutais mon poing sur la gueule d'un tiers, je me pétais un doigt. Va savoir pourquoi? J'assurais donc ma défense et je contrais les attaques tièdes de Garnier qui n'était pas si vaillant que ça. Pour l'heure, je ne m'en rendais pas compte. J'avais les foies. Il me tardait que ce soit fini. A un moment, ce chien, s'est rué sur moi, j'ai esquivé un direct en lui tournant le dos. L'enculé m'a botté les fesses. C'était insultant, il se marrait comme un bossu.
Il répétait:
« Viens là! Viens là! »
Ma stratégie était d'attendre. Un peu comme un chat acculé dans un coin par un gros con de clébard. Le chat n'est pas toujours le perdant dans ce genre de scénario.
« Bas-toi! Pédé! »
Encore, cette famille n'avait que ce mot à la bouche!
Garnier faisait le pressing, je reculais sur l'herbe. A un moment, j'ai senti un truc contre mon mollet. C'était un des tendeur en fil de fer qui assurait le tronc des jeunes pins parasols planté un peu partout. Garnier, ce fils de pute, comptait que je me plante sur ce truc. J'ai failli me rétamer en arrière. Garnier s'est jeté sur moi, tête en avant, à découvert, pour me foutre un grand pain. Je me suis rétabli.
J'ai évité sa pêche.
Ma droite est partit toute seule.
Comme un éclair.
C'est pas moi qui commandait.
J'avais sa tronche dans le collimateur.
Comme le baron rouge,
ou Robin des Bois,
je savais que j'allais faire mouche.
Ça c'est passé en une fraction de seconde.
Un superbe bolo-punch à la KID GAVILLAN.
Mes jointures se sont écrasées sur son arcade gauche et j'ai vu sa face se décomposer. Garnier est parti en arrière en gueulant de surprise et de douleur. Quoi? C'était pas dans le scénario! Le squelette se laissait pas enculer sans broncher! Garnier se tenait la tronche. Un sentiment de puissance coulait dans mes veines comme de l'or en fusion. J'étais libéré de toute peur. Guillem et Machin ne bronchaient pas. Garnier se tenait la tronche. Il pissait le sang comme un porc.
« JE VAIS TE TUER! JE VAIS TE TUER! » il a dit plusieurs fois.
Mais, c'était pas un encaisseur. Il m'a tourné autour pendant quelques secondes. Son sang coulait sur sa poitrine. J'attendais de lui en remettre une autre.
Tout d'un coup, il s'est arrêté, il a dit d'un ton autoritaire vacillant.
« Bon, de toute façon, j'avais pas envie de me battre! »
Et il est allé s'essuyer la tronche avec son teeshbie.
Restait Machin et Guillem avec son fléau d'arme. Ils semblaient pas trop motivés. On a temporisé. Machin a ouvert une canette de bière. Garnier en a bu. Il chialait presque. Guillem aussi ( il buvait maintenant ).
Je me suis avancé vers Guillem et je lui ai présenté mes excuses pour le ouiseki et tout.
On s'est serré la main.
Garnier a redit.
« J'avais pas envie de me battre! »
J'ai serré sa main en restant à distance. Je connaissais ce genre de gus mais il semblait dégonflé.
Je suis rentré chez moi. Les étoiles et la lune me souriaient. J'étais un grand boxeur. J'ai fumé un joint sur mon balcon en regardant les lumières de Toulouse et en regardant mon poing tout juste écorché.
J'étais toujours aussi puceau mais j'étais heureux.           

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