lundi 14 mai 2012

Encore une histoire de chevaux

Toute ressemblance avec des chevaux existant ou ayant existé ne serait qu'une pure coïncidence.  
Salut,
la semaine dernière je ne savais pas quoi foutre. Je traînais dans la maison, mes projets étaient au point mort. Personne ne voulait de mes chansons, le monde se branlait des aventures de mon renard et je n'avais pas fourgué une toile depuis des lustres. Puis, je devais trier le tas de merde végétale qui commençait à envahir le jardin et ce travail me déprimait. Cindy, c'est ma femme, elle m'entretient, elle croit, encore, que j'ai du talent ( lui dites rien), comptait sur moi pour faire disparaître ce machin.
J'ai regardé le tas avec ma fourche à la main. Le voisin passait le motoculteur, le sol du quartier tremblait, les vers et les taupes n'étaient pas à la fête, après, il passerait du poison afin de tout bien assainir. Le soir venu, il se désolerait un instant (avant de bouffer) devant le journal du soir qui lui indiquerait que la planète était une gigantesque et puante pissotière. 
Dans le ciel le soleil brillait. Le voisin suait. Sa peau partait en lambeaux brunâtres. Il portait une ceinture pour lui soutenir les vertèbres.
Pour avoir un gazon recta. On s'ignorait. Je tonds rarement ma pelouse, je n'aime pas faire chier les insectes.
J'ai planté la fourche dans le tas et j'ai essayé d'extirper les bâtons du monticule compact et pourrissant. Mais mes genoux et mon dos n'étaient pas d'accord. Cette activité me déprimait fortement. J'ai posé la fourche et je suis rentré. Les chats roupillaient dans les coins, ils préféraient une herbe bien haute pour se planquer et coincer leurs proies.
Je venais de relire un bouquin du vieux et ça faisait déjà pas mal de temps que je voulais essayer de mettre en pratique ses conseils de turfiste. Je me suis installé devant le cyclope et j'ai appuyé sur les boutons. J'ai facilement trouvé un site de pari. Tout est prévu. Plus besoin de prendre sa caisse pour se faire plumer sur un champ de courses. Aujourd'hui, on peut se faire enculer à domicile sans fournir le moindre effort. Suffit d'avoir son cyclope et un compte en banque. On peut jouer sur tout ce que l'on veut. Le curling, les combats de poulets, les conflits dans les pays en voie d'anéantissement ! J'ai ouvert un compte. C'était alléchant. Attention, fiston, que je me suis dis, sois pas un crétin, pour une fois... tu viens déjà de te retrouver en slip à cause de tes croûtes merdiques! J'ai foutu 20 euros sur le compte, c'est moins cher qu'un Koupetzian!
J'ai décidé de faire mon galop d'essai à Auteuil, ça me semblait bien. C'était une journée de cross, vous savez, les bourrins sautent des haies et parfois, les nains qui les montent se font écrabouiller par leurs sabots. Ce programme me convenait ! Le trot me semblait mortellement chiant, le galop, trop compliqué pour un débutant.
J'ai maté le programme, huit courses dans la journée. ça commençait par des cross de 3500 mètres avec des pouliches de quatre ans. Suivons les conseils du vieux boche. 
Je matais le palmarès des bestioles. Avec concentration et rigueur. Dans le Prix Régalia, la première course, aucun des huit participants n'avait gagné une épreuve. J'ai étudié les côtes et j'ai joué 2 euros sur Fromage Vert côté à 4,2 contre un. Il me restait un quart d'heure avant le départ. Suis redescendu dans le jardin et j'ai coupé quelques bâtons.
Retour devant le cyclope, les bourrins commencent à courir. Ils démarraient en effectuant une espèce d'arc de cercle. Ils courraient, bien plus vite que moi, l'image était un peu merdique. Fromage était dans le peloton de tête, en troisième position, j'ai senti que cet enculé pouvait gagner. Il a passé la ligne devant les autres dans un fauteuil.
Voilà! C'est pas compliqué les courses. Suffit juste de jouer le bon cheval! J'avais une demi-heure avant la course suivante. Je me suis coltiné avec mon tas. Il me faisait déjà moins peur. Dix minutes avant le départ j'ai bien étudié le palmares des chevaux. Encore des jeunes pouliches. Clopito m'a bien plu. Il avait fini troisième dans sa dernière course et se plaçait toujours assez bien. De plus, son nom sonnait comme celui d'un gagnant! Il était côté 4,2 contre un. ça te semble bien Buko? Pas de réponse. La course démarre, putain! Clopito est dans les choux, presque dernier, mon enthousiasme retombe. Looser tu es né et looser tu clamseras. Mais non, voilà que la bête commence à rattraper son retard. Sur une haie un cheval se plante. OUF, c'est pas le mien! Le jockey roule sur l'herbe avec une adresse magique. C'est superbe ! Il se relève et cravache ses guibolles arquées. Clopito passe la ligne le premier avec une encolure d'avance.
Les dieux sont avec moi ! Je me prépare pour la troisième. J'étudie les bourrins. Charles conseille de parier sur les chevaux côtés autour de 6 contre un et jamais sur un cheval qui a remporté sa dernière course. Il y a quinze bestioles d'inscrites. C'est plus coton que tout à l'heure. Je parie 2 euros sur Samovar d'Amour côté 6,9 contre un et sur Désir de Tripes, c'est le favori, que je joue placé en seconde position. C'est miraculeux! Samovar d'Amour arrive premier, Désir de Tripes second.
Les grecs anciens pensaient, je crois, que la chance était un truc tangible, aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression que ces sodomites avaient raison. 
Quatrième course, je joue, 2 euros (comme Carrie Grant) sur Pied de Porc, il est côté 2,3 contre un. La course commence et je gagne pour la quatrième fois consécutive. Je descend au jardin. Je coupe mes bâtons le coeur léger. J'entends plus le motocult. Dans la cinquième, Chien de l'Enfer me fait encore gagner, il est rouge, énorme et souffle de la fumée violette par les narines. 
L'instant de grâce est passé et les dieux disparus. Je sais que je ne gagnerai plus aujourd'hui. On ne peut pas tout expliquer ici bas. Je joue encore 2 euros dans les trois courses suivantes. Sarah Sacré se plante sur une haie. Je perd finalement huit euros. Pas grave. 
J'ai 42,20 euros d'avance sur mon compte. C'est loin du trésor de Venise ( de Venice), mais, pendant trois heures j'ai été aussi prescient qu'une vieille pitie et cela m'a fait du bien. Je me sens moins naze que d'habitude. J'ai aussi contracté une nouvelle addiction. J'en suis pas à ça près, je fume de l'herbe et du tabac depuis plus de vingt ans, suis accro à la culture physique et à mon lit... l'oisiveté étant la mère de tous les vices.
Merci Charles, c'est sympa ce que tu as fait pour moi. Tu reviens quand tu veux.
C'est tout.

Erbaf lemoinsquerien.   
    

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